L’Orchestre d’Harmonie fête ses 150 ans en fanfare


Joyeux anniversaire l’Orchestre d’Harmonie !

Il y a cent cinquante ans, une poignée de musiciens faisait résonner ses premiers accords dans les rues de Moissy. Depuis, l’Orchestre d’Harmonie n’a cessé de jouer, traversant les époques, les fêtes, les joies et parfois les silences de la ville. Cette histoire, faite de passion, de rencontres et de musique, se raconte encore aujourd’hui.


Un siècle et demi en harmonie

Il était une fois une mélodie qui naissait au cœur de Moissy. Portée par des musiciens passionnés, elle a traversé les saisons, les époques et les visages, se mêlant aux rires des fêtes et aux émotions des grands instants. Aujourd’hui encore, cette musique continue de flotter dans l’air, comme un fil invisible qui relie le passé au présent… et nous invite à tourner les pages de son histoire

Tout commence le 2 octobre 1875, au lendemain de la fin de la guerre franco-prussienne. Dix-sept instruments, financés grâce aux dons des membres honoraires, permettent à une vingtaine de jeunes musiciens amateurs de créer la Fanfare de Moissy-Cramayel. Sous la baguette de Narcisse Fauvel, ils répètent trois soirs par semaine dans la salle de bal de Monsieur Fauvel – aujourd’hui la Roseraie – et deviennent rapidement incontournables lors des fêtes locales et des cérémonies jusque dans les villages voisins. En 1879, le président Paul Aubergé offre à la société sa première bannière, brodée de la devise “La musique unit les cœurs”, symbole de son rôle fédérateur.

Des fêtes, des épreuves et des renaissances

Son histoire n’est pas un long fleuve tranquille. La Fanfare traverse les décennies, marquée par deux mises en sommeil durant les guerres mondiales et par la perte de plusieurs de ses musiciens mobilisés. Mais à chaque fois, l’envie de jouer et de se rassembler l’emporte : le cinquantenaire, fêté en 1925, et le 75e anniversaire, en 1950, rassemblent des sociétés amies et réaffirment son ancrage dans la vie moisséenne. En 1975, un grand festival célèbre le centenaire, réunissant les harmonies locales et celles de la Police nationale et de Rosenfeld, ville allemande jumelée avec Moissy, dans un esprit de partage et de réconciliation.

L’année 1977 marque un tournant, la Fanfare devient officiellement l’Harmonie de Moissy-Cramayel : un nouveau nom, un répertoire élargi et un drapeau flambant neuf. Les effectifs, souvent fragiles, sont portés par la fidélité des passionnés et l’énergie de chefs marquants comme Julien Dugardin, puis André Garreau, ancien trompettiste solo de la Garde républicaine. Depuis 2001, c’est Alain Spriet, formé au sein de l’Harmonie et au conservatoire, qui en tient la baguette. À leurs côtés, Didier Turba, président depuis 1982, assure la continuité et le lien avec la Ville, contribuant à maintenir l’Harmonie vivante à travers les générations. De ses uniformes – du bleu d’antan au rouge et noir d’aujourd’hui – à ses lieux de répétition, de l’ancien lavoir communal à la Ferme de Lugny, l’Harmonie a évolué, mais toujours dans le même esprit : rigueur musicale, convivialité et transmission. Sainte-Cécile, voyages et concerts partagés prolongent ce lien si particulier entre générations de musiciens.

Aujourd’hui, cent cinquante ans après sa naissance, l’Orchestre d’Harmonie de Moissy-Cramayel continue de faire vibrer la ville et ses habitants. Chaque mardi soir, ses répétitions résonnent comme un héritage vivant, rappelant que la musique, ici, est bien plus qu’un art : c’est un trait d’union qui relie les Moisséens d’hier et d’aujourd’hui. Et pour ceux qui rêvent d’en faire partie, rien de plus simple : poussez la porte un mardi soir… à condition de savoir déjà jouer d’un instrument.


Interview autour de l’Orchestre d’Harmonie de Moissy-Cramayel

ALAIN SPRIET, Chef d’orchestre ;
CLAUDINE SPRIET, Trésorière ;
DIDIER TURBA, Président

Didier Turba : Les 150 ans de l’Orchestre d’Harmonie incarnent un pan entier de l’histoire de Moissy et la passion qui unit ses musiciens depuis 1875. En 1983, la fanfare devenue Harmonie faisait face à des difficultés. À l’initiative du chef de musique de l’époque, Julien Dugardin, et avec le soutien du maire Jean-Jacques Fournier, il fut proposé qu’un élu reprenne la présidence, comme ce fut la tradition. Né à Moissy, j’étais alors adjoint aux affaires culturelles. Le maire me désigna donc et l’assemblée générale valida ce choix. Très vite, je me suis pris au jeu. Je me suis coulé dans le moule de cette association très conviviale où on soigne particulièrement cet aspect-là des choses. C’est important que les gens puissent s’y sentir bien, au-delà d’y pratiquer l’activité qu’ils aiment. Depuis plus de 40 ans, je m’implique pour qu’elle perdure : en mobilisant des soutiens, d’abord comme élu municipal, puis comme conseiller départemental, mais surtout en accompagnant ses musiciens au quotidien. Cet anniversaire est une immense fierté, mais il nous rappelle aussi que rien n’est jamais acquis. L’Harmonie a survécu à deux guerres mondiales et surmonté bien des creux, mais son avenir dépendra de notre capacité à transmettre, à séduire de nouvelles générations et à cultiver cette énergie collective qui la fait vibrer depuis un siècle et demi.

Alain Spriet : Je dirige les musiciens de l’Harmonie depuis l’an 2001, après avoir succédé à André Garreau. Mais, mon lien avec elle a commencé bien plus tôt : j’ai été l’un des premiers élèves de l’école municipale de musique et j’ai intégré l’Harmonie en 1976, à l’âge de onze ans comme trompettiste. Mon père, mes frères, mes nièces… plusieurs générations se sont succédé au fil du temps dans cette formation. Il m’arrivait même de diriger l’orchestre quand André Garreau reprenait sa trompette. Alors, quand il a pris sa retraite, j’ai pris la relève. Depuis, je n’ai jamais quitté le pupitre. Je compose le répertoire en tenant compte des capacités de chacun des musiciens. Je m’appuie sur nos archives, qui conservent des partitions centenaires, sur mes goûts et sur les possibilités offertes aujourd’hui par les ressources en ligne. Ce mélange d’ancien et de moderne nous permet de créer des programmes qui collent aussi bien aux cérémonies qu’aux concerts. Mais ce qui fait surtout la singularité de l’Harmonie, ce sont ses 37 musiciens : des femmes et des hommes de 14 à 71 ans, venus de Moissy et d’ailleurs, qui apportent chacun leur énergie. Cette diversité insuffle aux répétitions une atmosphère unique, à la fois studieuse et joyeuse.

Claudine Spriet : Je suis arrivée à l’Harmonie en 1983, après le décès de mon grand-père qui en était le président. J’avais à cœur de poursuivre ce qu’il avait construit, même sans jouer d’instrument. Mon mari est musicien, et dans ma famille, l’Harmonie a toujours été une histoire qui se transmet : mon arrière-grand-père a été chef de musique de 1919 à 1946, et mon grand-père président de 1974 à 1981. Je m’occupe de tout ce qui fait vivre l’association en dehors de la scène : les subventions, les comptes, les réservations, l’accueil du public, l’organisation des repas… Je donne aussi un coup de main pour la communication, même si ce sont surtout ma fille et ma petite-fille qui créent les affiches et alimentent les réseaux sociaux. Je suis un peu la fourmi qu’on ne voit pas pendant les concerts, mais qui veille à ce que tout fonctionne. Ce qui me motive, c’est de voir l’Harmonie continuer à rassembler toutes ces générations autour de la musique et de contribuer, à ma manière, à faire perdurer cette histoire familiale et collective. Comme Alain, je crois que c’est ce mélange de fidélité, d’énergie et de passion qui fait battre le cœur de l’Harmonie.


Un voyage musical à travers le temps

150 ans, ça se fête en fanfare ! Tout au long de l’année, l’Orchestre d’Harmonie de Moissy-Cramayel a convié le public à des rendez-vous exceptionnels pour marquer ce siècle et demi d’histoire musicale… et la fête n’est pas terminée.

Les festivités ont commencé le 2 mars à Vert-Saint-Denis, lors d’un concert-rencontre avec la batterie-fanfare de Sénart. “Nous avons ouvert les hostilités là-bas”, sourit Alain Spriet. Le 5 avril, c’est sur la scène de la Rotonde que les musiciens moisséens ont poursuivi les célébrations. Devant un public nombreux, les cuivres, percussions et bois se sont unis à ceux de deux ensembles voisins : Les Vents du Sud de Nandy et l’harmonie de Combs-la-Ville. Ensemble, ces formations ont offert un concert fidèle à l’esprit des harmonies populaires nées au XIXe siècle. Héritières du mouvement orphéonique, elles perpétuent encore aujourd’hui cette mission : rendre la musique vivante et accessible à tous, bien au-delà des salles de spectacle.

Quelques semaines plus tard, le 30 mai, la célébration a franchi les frontières. Pour l’occasion, l’Harmonie de Moissy a accueilli deux orchestres venus des villes allemandes de Rosenfeld et Heiligenzimmern. Trois cultures musicales, trois histoires, mais une même passion : le plaisir de jouer ensemble. Chaque formation a dévoilé son propre répertoire, avant de mêler ses sonorités à celles des autres. Entre ces rendez-vous, l’Harmonie a également posé, comme tous les ans depuis 2017, ses pupitres au cœur de Paris, lors d’un concert au kiosque du Jardin du Luxembourg le 17 mai.

La conclusion de cette année anniversaire aura lieu le 22 novembre à 17 h, lors du concert de la Sainte-Cécile. La Rotonde se transformera en machine à remonter le temps : au fil d’un voyage musical, les musiciens feront revivre 150 ans d’histoire à travers des œuvres choisies pour rappeler chacun des chefs d’orchestre qui ont marqué l’Harmonie. Chaque note racontera un fragment de mémoire, jusqu’au final qui unira passé et présent dans un même souffle. Un rendez-vous unique, où l’histoire de l’Harmonie prendra vie sur scène et fera vibrer Moissy une dernière fois pour ce 150e anniversaire.

L’Orchestre d’Harmonie en images

À retenir
Venez célébrer 150 ans de passion, de musique et de partage lors du concert de la Sainte-Cécile le samedi 22 novembre à 17h à la Rotonde. Réservation : harmonie_moissycramayel@yahoo.fr

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